Peut-être faut-il avoir vu également Halloween, La Nuit des Masques de John Carpenter. Les masques tombent. Des visages se défont, d'autres se durcissent. Les désaxés, de John Huston, et Casablanca de Curtiz, peut-être également. De toute façon ça ne peut pas faire de mal, même si, sur un sujet proche de celui du fil de Huston, j'ai une préférence pour La Ronde de l'aube, de Douglas Sirk. Mais il faudrait que je revoie les Misfits pour en être sûr.
The name is done
"Dis donc Don, avec tout l'argent que tu as dans ton bureau, tu peux me donner un petit billet ?"
C'est à peu près de cette manière que Betty introduit cet épisode qui annonce la confrontation que les spectateurs de Mad Men attendent depuis une semaine (voire plus). Souvenez-vous, dans The Color Blue, l’épisode précédent, Betty avait capitulé devant une énième absence de son mari, et avait finalement rangé la boite à secrets de Don à sa place.
Don ne sera donc pas victime de ""domestic violence"" comme on dit aux Etats-Unis. C’est le pauvre docteur Harris qui en fait les frais dans une séquence qui a fait jaser pas mal de blogs féministes aux Etats-Unis. Entre condamnation et éloge, la condamnation l’emporte.
Joan donne sa version de l'entretien d'embauche : ""to express enthousiasm in a believable way"". Elle-même manque de crédibilité sur ce coup-là. Mais où donc Joan a-t-elle trouvé ce bonhomme ?
Si Betty se réfugie dans la maison de son père, Joan reprend contact avec Roger Sterling. Les figures paternelles, y a que ça de vrai...
La ressemblance entre les deux femmes ne va pas plus loin. Là où Joan va finir par craquer, Betty fait preuve d’une détermination et d’une sévérité qu’elle ne montrait jusqu’alors qu’avec ses enfants. On savait qu’elle n’était pas une épouse très aimante, et on pouvait difficilement la blâmer, mais dans cet épisode elle est vraiment géniale.
A partir de l’apparition de sa silhouette noire qui se découpe dans un couloir déjà bien sombre, devant un Don médusé, elle ne va pas lâcher le morceau. La tension dans le bureau est aussi palpable que l’anéantissement de Don Drapper. Et lorsqu’elle laisse à Dick/Don un moment de répit, elle le rejoint en balançant la boitte à secrets de son mari sur la table de la cuisine. Le bruit de casseroles, à la fois rond et vide, qu’émet la boite, résume bien le secret qu’elle renferme, à la fois lourd et dérisoire. C’est un secret énorme dans une vie d’homme, de couple et dans la vie d’une famille, mais c’est un tout petit secret dans la masse de crapuleries qui constituent les fondations, l’histoire et le quotidien de nos sociétés.
En 1963, vers quoi cette société se précipite-t-elle ?
L’attitude de Joan lorsque son mari lui apprend sa énième connerie, à savoir qu’il vient de s’engager dans l’armée, me semble révélatrice de son personnage, elle est plus Marilyn que jamais. Elle sait que son mari n’est pas l’homme dont elle rêvait, qu’il y a de fortes chances qu’elle soit veuve dans les 2 prochaines années ou bien qu’elle s’occupe d’un mari devenu paralysé. C’est en tout cas ce que laisse entendre sa réaction.
A la fin de l'épisode, lorsque Don entre dans son bureau, il regarde longuement son nom inscrit sur la porte... Ce qui nous ramène à la phrase que Roger Sterling dit à son amour de jeunesse : ""the name is done"". Dans un épisode centré sur l'identité de Don-Dick, cette phrase n'est pas lancée au hasard.