A New York, l'été, tout le monde ne part pas en vacances. 2 jours à Rome, même avec la Pan Am, ça fait court.
Pete n'a pas la chance de s'envoler pour Rome. Mais Il est célibataire pour quelques jours en cette période si chaude de l'année. N'est-ce pas une chance ? N'est-ce pas une occasion en or pour lui de s'approcher de l'art de vivre incarné par Don Draper ?
Lequel, après avoir accompagné sa fille à des activités parascolaires pendant que sa femme flirtait dans l'épisode précédent, se la joue Marlon Brando en maillot de corps. Certes l'hôtel dans lequel il est descendu lui a donné la chemise d'un autre. Une Hathaway. Et comme c'est David Ogilvy (encore lui) qui fait les pubs Hataway, il ne va tout de même pas la porter.
En solitaire donc, Pete opte lui pour le polo. Décontracté mais présentable, il est tout miel devant l'agneau allemand Gudrun. Bon ce n'est pas tout à fait exact. Un plan furtif l'a montré lui aussi en maillot de corps en train de manger des céréales en regardant une animation pour enfants à la télé. Il n'a pas tout à fait la carrure de Don. En fait, il est tout bonnement infantilisé, son T-shirt accentuant la maigreur de ses bras et l'absence de sa femme se faisant cruellement sentir.
Ce qui meut Henry Francis, on le sait très bien. Ce chevalier blanc arrivant in-extremis, brandissant des lettres frappées du sceau royal des Rockefeller arrache un sourire jusqu'aux oreilles à la princesse Betty Draper. Cette victoire devant les notables de la ville, Betty la savoure encore devant son mari qui a droit à un déhanché façon cheerleader.
Pete se verrait bien en chevalier lui aussi. Pas de lettre de cachet en ce qui le concerne. Et lorsqu'il ouvre la fenêtre de son appartement, ce ne sont pas des chevaux qu'il entend, mais le murmure de la ville. Il est porteur d'une robe de la marque Bonwit Teller. Une autre marque orne cette robe, celle de l'infamie à venir. Infamie qu'on lave à coup de kleenex, mais surtout entre hommes. Mais si la marque Bonwit Teller conduit Pete à la boutique du même nom, la tache elle, fait apparaître Joan. Nous l'avions laissée à l'hôpital, sa robe souillée du sang de Guy. Elle réapparaît, resplendissante, et c'est une robe tachée qu'on lui remet. Faut-il y voir un signe ? N'oublions pas que dans cette séquence, Joan évoque une nouvelle orientation (réelle ou inventée) pour son mari : la psychiatrie.
A Rome, on joue la dolce vita : les dragueurs, les scooters, la coiffure de Betty, et les parasols Cinzano. Yankee Go Home. Pas question de traduire ça en français. Don se fait chambrer par les italiens mais c'est son tour de jouer les chevaliers et Betty les princesses.
Sally aussi aimerait jouer. Voir sa maman se mettre du rouge devant un miroir pour aller retrouver un homme lui donne sans doute des idées. D'autant plus que la séquence est muette : Betty entre dans sa chambre, face caméra, qui pannote à droite pour la suivre jusqu'au miroir de la coiffeuse où se trouve Sally. Betty prend un tube de rouge, se peint les lèvres puis prend un mouchoir en papier qu'elle pince entre ses lèvres, avant de vérifier ses cils. Un plan à peine plus large vient alors couper pour montrer, dans le même axe, Betty se redresser et quitter la pièce en posant sa main sur l'épaule de Sally qui regarde sa mère, puis s'observe dans le miroir, dans sa solitude initiale.
Alors viendra, le temps de la mise au point. Mise au point pour Sally qui veut faire comme maman. Mise au point pour Pete, qui voudrait être un peu comme Don. Mise au point pour Don également qui dégaine son briquet, pour allumer la cigarette de Betty, comme il a vu faire en Italie. Mais il le fait à Ossining, un endroit que Betty lui dit détester.