L’épisode précédent montrait que l’été à New York, les esprits s’échauffent. Heureusement pour Pete, une cigarette va l’anesthésier pour le restant de l’épisode, ce qui l’empêche de provoquer le moindre dégât dans un épisode pourtant riche en rebondissements.
Dans la chaleur de l’été donc, Betty continue d’entretenir une relation clandestine avec un attaché du gouverneur Rockefeller.
Lee Garner Jr, de Lucky Strike, est lui aussi démangé par ses pulsions estivales et s’en prend au pauvre Salvatore. On attendait de voir quand ça allait lui tomber dessus, eh bien malheureusement, c’est chose faite.
Le premier mot de Salvatore dans cet épisode est "Cut". Il ignore, alors ce qui va lui arriver. Pourtant, l’ambiance du tournage de la pub, avec ses ombres marquées (l’équipe de Sterling Cooper est réduite à une poignée de silhouettes noires) aurait dû nous prévenir.
"Let’s take a risk togather" dit Lee Garner. En réalité, lui n’en prend aucun et c’est Sal qu’on retrouvera à la fin de l’épisode dans la séquence nocturne d’une sorte de lieu de rencontres homos. On n’est pas chez Bruce Benderson mais presque.
On remarquera que c’est Don Draper qui donne le coup de grâce à Sal. Et qui se retrouve au côtés de Don pour la présentation de la campagne Hilton ? Kurt, l’autre homosexuel de Sterling Cooper.
Don Draper, pas au mieux de sa forme dans cet épisode
"Who Are you ?" demande-t-il à l’ancienne maîtresse de sa fille désireuse de parler des droits civiques avec les enfants. Ces derniers sont-ils capables de comprendre alors que lui-même, c’est limite.
Même sentiment d’abandon lorsque devant Sal il lache un "You people" venu nous rappeler qu’on est en 1963. En ce qui concerne les droits civiques et transformations de la société américaine, Don Draper n’est pas plus en avance que ses compatriotes. Rappelons que lors de sa dernière rencontre avec la jeunesse américaine, il s’est réveillé avec un grosse bosse sur le crâne.
Au moins a-t-il Conrad Hilton vers qui se tourner. Se blottir même, comme le souligne Roger Sterling. L’image du père est tellement énorme… Pouvait-on éviter le tutoiement ?
Conrad Hilton lui ouvre son cœur et Don l’écoute avec émotion. "Having me in your life is gonna change things", l’avait prévenu Hilton. "What do you want from me ? Love ?"
Jon Hamm est très bon dans cet épisode. Il faut le voir face à Sal, cligner des yeux en attendant d’entendre ce qu’il sait déjà. Bon c’est vrai ça m’a un peu rappelé les clignements d’yeux de Tony Soprano, mais ce moment est un grand moment de gêne pour Don, autant que pour Sal.
L’acteur de la pub lucky me fait penser au héros de l’Aurore de Murnau. Ce qui est drôle c’est que dans l’Aurore, le premier plan de la femme par qui le scandale arrive, si l’on peut dire, la montre s’allumant une cigarette, vêtue de noir. Ici, Lee JR empoisonne Pete mais c’est Sal sa victime.
La porte rouge de la maison Draper ressort avec une force surprenante lorsque Henry vient littéralement violer l’intimité de Betty. C’est étonnant. C’est une lueur rouge qui accompagne l’entrée et la sortie de Henry. Est-ce à mettre en parallèle avec la robe rouge de l’attachée de l’amant de Betty, qui apporte le désespoir à cette dernière ?
En colère, Betty se précipite au bureau de Henry. Un plan en voiture avec la musique qui monte. Puis un plan dans le bureau. La note de piano que vient mourir alors que Betty se tient raide avec la cassette dans les mains, la secrétaire tenant la poignée de la porte, elle aussi figée. On se croirait chez Oliveira.
Revenons à ce qui est désolant dans cet épisode : le départ de Sal. Pourquoi Lee Garner évoque-t-il Walter Cronkite, journaliste, comme quelqu’un qui met mal à l’aise les gens tous les soirs ? Ce journaliste était surnommé "l'homme qui inspire le plus confiance à l'Amérique". Sans doute pas dès le début de sa carrière mais à cette époque qu’avait-il bien pu faire ? C’est lui qui allait le premier, sur CBS présenter un journal télévisé annonçant la mort de Kennedy. Mais à le période de l’épisode, un ou deux jours avant le dialogue entre Sal et Lee, il présentait le journal que l’on peut voir ici.
C’était le 2 septembre 1963. Il y est bien sûr question des mouvements noirs, et Kennedy donne une interview.