Finalement, écrire des sous-titres français pour une série télévisée une fois que le dernier épisode de la saison a été diffusé, s'est révélé être un exercice périlleux. Aussi périlleux que cette phrase à rallonge.
On se dit qu'on va aller vite pour enfin pouvoir retrouver une vie normale. Et en fin de compte, on traîne. On a du mal à s'y mettre et les éléments du quotidien viennent repousser chaque jour un peu plus les échéances qu'on se fixe.
Serait-on comme le sportif qui, à deux doigts de la victoire, fait connerie sur connerie ?
On voudrait en plus écrire un bon texte pour célébrer la fin de saison et les mots ne viennent pas.
Pour ma défense, après avoir vu le final de Mad Men, j'étais quelque peu sur ma faim.
Après le clash avec Betty, après les meurtres de Kennedy et Oswald, le ton de l'épisode et la rapidité avec laquelle les choses se combinent et s'arrangent pour Sterling Cooper m'ont tout d'abord laissé indifférent. Et puis, finalement...
La horde sauvage
Que regarde Don Draper à travers la fenêtre de son bureau ? Un verre de whisky dans la main, plus élégant que jamais, Don est pensif. Il est à un tournant de sa vie et il a de grands projets pour lui-même.
Ce cliché ultime de l'homme qui regarde l'horizon (salut à toi Salvatore) et se projette dans l'avenir, indique que Don est déjà le patron. L'instant d'après, ses supérieurs se rendent dans son bureau parce que monsieur Draper a réfléchi pendant la nuit.
La mutinerie est en marche et se clôt par un ""do we vote or something ?"" savoureux. Nos compères viennent de voter pour faire basculer l'épisode du drame à la comédie.
La musique, jazzy, peut démarrer.
Mad Men nous a habitué aux portes qui s'ouvrent et se ferment pour les changements de séquences, ici c'est un festival d'allées et venues.
Nous avons droit aux portes qu'on enfonce à coup de pied, aux menaces d'être enfermé dans un placard et bien sûr à la porte qu'on ouvre sur une pièce dévalisée.
Pete et Trudy sont même sur le point de nous refaire un numéro de danse comme dans My Old Kentucky Home.
Et comme nous sommes dans une comédie, le fait que des patrons, avec l'aide d'une poignée d'employés il est vrai, s'emparent d'une partie des matériels et outils de production de l'entreprise passe comme une lettre à la poste. Habituellement les patrons qui font ça sont plutôt mal vus mais passons.
Il n'est donc pas surprenant de voir cette bande quitter les lieux à la sauvette. Pete est armé, au cas où...
Trêve de plaisanterie
L'émotion est tout de même bien présente dans l'épisode. N'oublions pas que le couple Draper se sépare, et comme on dit, les enfants trinquent. Don manque même de perdre Peggy en plus de Betty.
Ces évènements donnent lieux à de beaux moments : La séquence avec les enfants, bien sûr. Don s'allongeant auprès de Sally qui dort dans le lit de fortune de Don. Une très belle lumière dans l'appartement de Peggy et les larmes de celle-ci. Les yeux transparents de Betty, au téléphone avec celui qui est encore son mari.
Le moment où Don traite Betty de putain. Certains ont trouvé cette séquence chargée de sexualité. Il est vrai que je me suis demandé si Don n'allait pas violer Betty, à la manière de Robert de Niro violant Elizabeth McGovern dans Il Etait Une Fois En Amérique.
Quoi qu'il en soit, je n'aurais pas été surpris de voir Don dans l'arrière salle d'un théâtre chinois, allongé sur un matelas, une pipe à opium dans les mains et un étrange sourire au lèvres.
Arrêtons là les souvenirs car le film de Sergio Leone me fera toujours pleurer comme une madeleine.
Mais de toute évidence la série aurait pu s'arrêter sur la chanson de Roy Orbisson (voir ici). La nécessité d'une nouvelle saison ne s'impose pas à mes yeux, bien au contraire.
Voilà aussi pourquoi la mis en ligne des sous-titres de cet épisode a autant traîné.
Un morceau de tissus vaut mieux qu'un long discours
Quelques mots et une image en guise de post-scriptum.
Cette veste m'a beaucoup étonné. A aucun moment Don n'enlève son pardessus mais on peut voir qu'il porte une veste à rayures. C'est assez rare dans son cas. N'étant pas spécialiste en mode masculine, j'ai demandé de l'aide.
Pierre-Jean a eu la gentillesse de m'écrire quelques mots au sujet de cette image. Il n'a pas suivi cette saison, et il n'a pas pu voir que la veste n'est pas assortie au pantalon.
Mais de toute évidence, sa théorie est valable puisqu'il m'écrit que ce costume inhabituel est sans doute lié à un changement de statut car d'apparence plus haut de gamme.
Toutefois, la scène a lieu un dimanche en pleine période de fêtes. Alors, il ne s'agit peut-être que d'une veste un peu plus casual que d'habitude. Sans plus d'importance que ça...